Un papier roulé, cacheté de cire : sceau finement orné. Motif elliptique d'entrelacs abstraits cerclant une calligraphie de caractères éloniens anciens.
Promontoire Divin, onzième jour de la saison ...
Monsieur,
Je vous fait parvenir la présente sur les consignes et recommandations de celui qui fut mon tueur et mon protecteur, maître Adib, aussi par certains nommé le Savant, ou le Cultivé.
Mon maître était d'une santé très déclinante depuis déjà quelques mois. Il se disait néanmoins très désireux de vous faire part d'une avancée majeure de ses recherches, qu'il me chargea peu avant sa disparition de vous transmettre s'il ne pouvait s'en assurer lui-même.
Répondre à la dernière demande de celui qui me forma aux arts nécromantiques et me protégea durant les fragiles années de l'enfance est bien entendu mon souhait le plus cher. Cependant je me trouve actuellement dans une situation complexe, qui menace la progression de mes études dans les domaines auxquels Adib m'initiait. Je ne me sentais plus en sécurité seule, dans la retraite isolée d'Adib, car mes pouvoirs sont encore bien faibles. Un ami me reçoit dans la ville basse du Promontoire, où je séjourne actuellement depuis plusieurs semaines. Bien qu'il ne soit pas de ces sots superstitieux haïssant les chercheurs des arts de Grenth, je ne puis décemment installer chez lui le nécessaire à l'application pratique de mes études.
Aussi, monsieur, si l'un de vos alliés ou vous-même avez connaissance d'un lieu, disons-le, discret, que je puisse occuper temporairement de mon laboratoire, je vous en serait infiniment reconnaissante. Je me ferai bien évidemment un plaisir de vous informer de mes avancées aussi souvent que vous le souhaiterez.
J'espère, monsieur, que mes maladresses de forme ne vous laisseront pas penser que je cherche à conclure marché avec vous. Je vous avoue mon inexpérience en matière épistolaire, mon maître s'étant chargé jusqu'alors de tout. Croyez bien, je vous en prie, que ma demande est celle d'une étudiante au désespoir et non des reptations d'un courtisan à la recherche d'une faveur.
En espérant de tout cœur réponse de votre part, je reste, monsieur, votre dévouée,
Intisar Al-Azrad